L’organidrame. La restructuration d’une multinationale déclenche l’organidrame. Quatre hommes sont prêts à tout pour monter dans la hiérarchie, au quarante-troisième étage de la tour, juste au-dessous du big. Roman policier : il y a quatre mille victimes, mais le meurtre est anonyme (comme les sociétés) et l’arme légale ; c’est un assassinat par actions.
Roman-bouffe aussi : avec ces cadres managés plus que managers, ses scènes-flashes, ses portraits-clips hachés par les spots de la publicité et de la Bourse, roman restructuré comme ces multinationales qui semblent éclater lorsqu’elles se concentrent. Roman à clé ? Non, la vérité ne dort pas dans un tiroir fermé à clé.
On l’arrache par effraction. Mais roman écrit par quelqu’un de l’intérieur.
4e de couverture
“Le grand capital : on connaît, à peu près, ses mécanismes. Mais les hommes? Pas faciles à saisir”. Il faut avoir été à l’intérieur. Ce fut le cas naguère de René-Victor Pilhes. C’est le cas aujourd’hui de René Ballet : voilà un imprécateur modèle 1985-1986, mais avec des moyens tout autres. En tout cas, cela donne un roman haut de gamme. Le big boss de la LUX demeure invisible, on ne voit que les seconds couteaux: chacun de ces managers est typé au moyen d’une phrase qui épingle un tic, un geste familier, un réflexe. Des retours en arrière dévoilent la préhistoire des principaux acteurs… Lorsqu’éclate l’affaire de l’organigramme. En effet, une restructuration a été décidée. Par qui? En tous cas, la décision d’en haut jette les managers dans une activité fiévreuse mais ordonnée, réglée comme une partie d’échecs : on n’a pas lu Clausewitz… mais c’est tout comme. Chacun, en ces quelques jours, se lance dans la bataille de rupture. Le roman ne repose pas seulement sur une action rapide et vive, ni seulement sur des portraits au vitriol ou sur des dialogues dont le lecteur se régale comme le ferait un stratège suivant minute par minute le déroulement de la bataille d’Austerlitz. Le récit est construit avec une subtilité pleine d’humour, grâce à des inserts qui situent l’action avec précision (titres de journaux, cours de la bourse, textes publicitaires) mais aussi le relancent. René Ballet dépasse l’écriture sèche stendhalienne de ses livres antérieurs mais il en conserve le meilleur “ :Ils se revirent par la suite; il ne la regarda plus jamais.” On se délectera aussi de ses pastiches, toujours en situation : l’ascension de JPC par exemple. A l’époque où il mène l’existence besogneuse du voyageur de commerce, “le client du fast food en est réduit au fast love …Ce n’était pas toujours le haut de gamme, mais dans le noir : pas toujours HP, high performances mais avec le know-how on s’en tire…” Des pages qu’on recommande aux gourmets… Les managers ont joué à qui perd gagne. Ni vrais perdants, ni vrais gagnants. Un seul vrai gagnant ( je ne compte pas le lecteur) : le romancier. Disons-le sans phrases : voici un grand livre ! “
Claude Prévost – L’Humanité
“ Une tour de la Défense, le staff d’une multinationale comme si vous n’y étiez pas. René Ballet vient incontestablement de réussir là son meilleur roman, tout d’humour, de férocité, de technique souveraine. Jeu littéraire aussi avec ses montages, ses collages, ses citations détournées, ses pastiches”.
Jean-Claude Lebrun – Révolution
“Tenant à la fois du roman policier, du roman de moeurs et du roman satirique, cette œuvre met en scène des dirigeants qui pourraient être ubuesques s’ils n’étaient pas sinistres… L’organidrame est un livre tellement plein qu’on le lit d’un trait, avec délice. Il faut bien reconnaître que René Ballet est de la race des grands romanciers”.
Raymond Ménard – Paris-Normandie
…Roman policier…roman-fiction encore. Avec l’arrivée inattendue du Duc de Saint-Simon et de M. Oulianov…
Le Peuple
L’organidrame de René Ballet nous conduit dans les méandres d’une restructuration.
Quatre hommes se disputent une seule place au soleil. Quatre loups capitalistes prêts à utiliser envers leurs amis et réciproquement, les meilleures de leurs peaux de banane. René Ballet s’est introduit dans la machination qui doit laisser sur le pavé des milliers de salariés. Il nous présente de l’intérieur, le saisi des relations internes d’une lutte sans merci, brossant une série de portraits où l’humour et le vitriol se relaient. Mise en scène illustrée par la composition visuelle du roman où l’auteur joue les rappels de pub, les insertions journalistiques, les collages, toutes choses qui laissent ces traces historiques dont le roman se charge pour être identifié.
Avec la concision qui lui est propre, René Ballet décape les mécanismes. C’est un véritable « indic » qui nous conduit dans le déroulement de la restructuration. Absent sans l’être ce peuple de travailleurs, qui fera les frais de l’opération. « Même pour les écrivains les plus concis, pour Dashiell Hammet par exemple, il faut au moins une phrase pour liquider un homme. Dans un bilan, un mot suffit ». La machination trouve un dénouement dans un plaisir où Dallas n’est pas en reste : autant vous laisser découvrir son issue.
Monique Houssin – L’Humanité-Dimanche
La valse des cadres supérieurs dans une multinationale en restructuration. René Ballet sait de quoi il parle puisqu’il fut responsable des relations publiques dans une entreprise de ce type au quarante-troisième étage de la plus haute tour de la Défense. C’est dans un édifice de ce genre que se déroule son récit en forme d’énigme dont la construction moderne, par moment algébrique ou constructiviste, ne manque pas d’intérêt. Qui gagnera l’étage supérieur ? Qui sera mangé et à quelle sauce ? René Ballet sait ménager ses effets.
S. Z. – La vie ouvrière
“L’organidrame” de l’écrivain français progressiste René Ballet, que j’ai connu à l’occasion de la rencontre internationale des écrivains à Sofia en 1986, dévoile la vérité sur la vie contemporaine de la France…
Il dévoile aussi les dangers qui menacent le peuple si le progrès technique est utilisé pour le profit de certains…Cette vérité sociale, ce roman l’exprime avec une force artistique et idéologique…”
Traduction d’un article de Jacques Biteff.