L’Hôtel des deux gares. Dans l’étau de Paris insurgé, un homme se terre. D’où vient-il ? Formé dans l’ombre de Drieu La Rochelle, mais aussi lié à Carbone et aux tortionnaires de la rue Lauriston, c’est un habitué du « One Two Two », bordel le plus select de l’Occupation. Tenté par le fascisme, il s’est rallié à Doriot pour devenir une « grande plume » de la presse collaboratrice. Séducteur, il se laisse aimer par les femmes quand soudain… il découvre l’amour-passion, l’amour-défi. Mais n’est-ce pas l’impossible rêve de commencer une autre vie ? Cerné, qui forcera en premier sa planque ? Les résistants ou ses “amis” qui veulent se débarrasser d’un témoin gênant ? Cadre de la communication dans une grande multinationale, puis grand reporter, essayiste, romancier, René Ballet dévoile les dessous de l’été 1944. Déjà, dans les beaux quartiers, d’étranges contacts se nouent…
4e de couverture
“Habitué des cercles mondains, des maisons de demi-mondaines et des caves à torturer de la rue Lauriston. A travers son personnage, René Ballet laisse remarquablement entrevoir une jeunesse fourvoyée, dont le sentiment de révolte, et parfois le talent, avaient cru pouvoir s’exprimer dans la mouvance boueuse du fascisme à la française. Lâché par ses amis, condamné par la Résistance, Roc se trouvait pris à la façon d’une mouche dans un bocal. Le récit se met à haleter, en une succession de minuscules paragraphes, de phrases de plus en plus courtes, comme si maintenant l’oxygène venait de plus en plus à se raréfier pour Roc”.
Jean-Claude Lebrun – L’Humanité
“Août 1944, Paris libéré…, dans les beaux quartiers déjà, d’étranges contacts se nouent. Dans une chambre de L’hôtel des deux gares, pourquoi tourne-t-il en rond Roc, auteur de vociférants pamphlets dans le Cri du peuple, journal ultra-collaborateur du PPF de Doriot? Il sera abattu par un tueur anonyme alors qu’il jetait l’éponge, décidé à se rendre aux résistants qui le cernaient. René Ballet suit jusqu’au bout cette déchéance dans un récit bouleversant, vif et sanguin”.
Serge Rémy – L’Humanité-Dimanche
“René Ballet nous brosse (avec quelle maestria !) le portrait d’un collaborateur fidèle à ses idées : brillant mais destructeur, séduisant mais pervers, corrosif pour tout ce qu’il touchait “.
Alain Leduc – Révolution
“Ce roman noir de l’autre face de la Libération…est soutenu par une construction très originale et une écriture très riche”.
André Remacle – La Marseillaise
“C’est un livre très fort qu’a réussi René Ballet, grand prêtre de l’ordre des amis de Roger Vailland, dont il s’affirme ici le digne continuateur”.
Gérard Streiff – Ivry ma ville
“La leçon du roman de René Ballet, c’est d’essayer de comprendre, au-delà d’un individu méprisable, comment la mauvaise conscience d’un homme pris dans les filets de la trahison nationale déraisonne et déraille“.
Charles Haroche – Les cahiers du communisme
« Août 1944 : dans Paris insurgé, un homme se terre. C’est un journaliste collabo, lié à Drieu La Rochelle ainsi qu’aux tortionnaires de la rue Lauriston…
Ce roman nous aide à comprendre comment un intellectuel apparemment brillant se met au service de la bêtise et de l’oppression. Sa relecture procure un plaisir rare : celui de l’intelligence… »
Francis Combes – Médiatec n°3 janvier-février-mars 1994
Le titre annonce une bluette : la thématique s’avère scandaleuse. Août 1944, Roc (intellectuel collabo) rate le dernier train pour l’Allemagne. Il est prisonnier de Paris, huit clos tragique : il se sait condamné…
Dans ce roman, René Ballet, cinquante ans après, démonte les fils d’un « Drôle de jeu ».
Jean Sénégas – Les Cahiers Roger Vailland – n°3 juin 1995
« Un nouveau roman de René Ballet »
René Ballet est bien connu au pays Fertois puisqu’il réside à La Chapelle-Fortin. Il a été rédacteur en chef de a revue « Constellation » et, après la direction des Relations Publiques du groupe Fiat, il a été grand reporter à « L’Humanité ». Il est également écrivain. C’est son nouveau roman « L’hôtel des deux gares » qui nous intéresse aujourd’hui. L’action se situe à Paris, en août 1944… Un homme se terre dans « L’hôtel des deux gares ». D’où vient-il ? Le lecteur sera tenu en haleine dans l’ombre de cette époque…
René Ballet, avec un style alerte, raconte la traque de ce journaliste « collabo » et dévoile les dessous de l’été 1944.
Raymond Ménard – Le Perche – 1er septembre 1994
A propos de L’Hôtel des deux gares.
La disparition de René Ballet m’a donné l’occasion de rappeler, trop brièvement sans doute, l’existence de L’Hôtel des deux gares. Il y a un aspect de ce roman que je n’ai pas développé comme je l’aurais voulu et sur lequel je voudrais revenir. Il touche à l’originalité fondamentale de ce roman.
On a souvent considéré que le personnage principal du roman était démarqué de celui de Drôle de jeu de Roger Vailland. L’amitié de Vailland et de René, le rôle de René pour ce qui touche à l’œuvre de Vailland autorisent ce genre de rapprochement. Sans être faux il n’en est pas moins réducteur.
Le roman de Vailland a été écrit pendant l’Occupation et il montre combien les comportements de ce temps étaient, par bien des aspects, la suite des conflits d’idées et des postures des années 30. Marat, ancien surréalistes, devient résistant car tout dans sa vie antérieure, que ce soit ses gouts intimes, ses choix esthétiques, son comportement avec les femmes, son refus du compromis, son désir d’ordre et de commandement… le pousse à ce jeu dans lequel il s’épanouit, jeu qui n’est pas si drôle que ça mais qui a d’autant plus de prix que le premier faux pas coûte fort cher.
René Ballet a choisi tout le contraire. Son personnage aurait pu être un autre Marat, il en a le passé littéraire et le brillant, or il a choisi de se lier aux pires collaborateurs. Avec lui le romancier nous fait pénétrer dans le domaine de l’ombre, des diverses ombres de ce temps qui n’en manque pas. Et ce qu’il fait de son personnage n’est pas moins sensible, pas moins troublant que celui de Vailland.
Ainsi ce Robert Rocher est quelqu’un d’éminemment séduisant, pour peu, bien sûr qu’on oublie le milieu qu’il côtoie. Il a de la tenue, du courage et même ses amours sont belles, plus belles que la femme qui les suscite. Se pose donc la question : qu’est-ce qui a empêché Robert Rocher d’être du bon côté ? Car le bon côté est autant nécessaire que rassurant. René Ballet, qui était un être d’opinion et de courage, n’a pas écrit cet Hôtel des deux gares pour rien. Le fourvoiement choisi de son personnage a un sens. Il nous interroge sur la part aléatoire qui préside aux choix, aux engagements que tout un chacun est amené à faire.
Sur une période assez longue, il est possible de sortir d’une erreur ; mais dans l’étau de ce qui s’est passé en France dès la prise du pouvoir par Vichy et les collaborateurs, c’est une autre affaire. Le drame de Robert Rocher, qu’il paye de sa vie, étant assassiné par ceux qui veulent s’exfiltrer de leur passé, est celui de tous ceux qui n’ont pas su, ou pas voulu se mettre en question. Son destin est celui de tous les petits dogmatiques qui s’ignorent et dont l’attachement à quelque chose d’insensé prend brusquement un relief considérable du fait de l’emballement de l’histoire. Nul ne peut être assuré qu’il en sera à l’abri. Il suffit que la période historique change, que les systèmes de valeurs soient modifiés ou mis à bas pour que celui qui croyait être à la pointe du progrès ou dans le sens de l’histoire soit accusé d’avoir couvert quelque chose de plus ou moins criminel.
René Ballet, romancier communiste, n’a bien sûr aucune complaisance pour les collaborateurs et tout dans ce roman même le montre. Mais il savait, sans doute du fait du joug de l’histoire, qu’on n’en aura jamais fini avec le dogmatisme. Son personnage, tout abominable qu’il soit n’en comporte pas moins des aspects remarquables, et par là nous rappelle qu’il n’y a pas de voie royale et qu’il faut être vigilant pour débusquer ce qui commence souvent par un simple accommodement au réel.
Il faut avoir été une conscience tourmentée par le poids de l’Histoire au point d’avoir conçu le personnage de Robert Rocher et d’en avoir fait le symbole de ce qui nous menace tous, à commencer par ceux qui s’en croient à l’abri.
C’est, pour moi, la leçon de l’Hôtel des deux gares, et ce qui en rend si riche sa lecture.
François Eychart
Publié dans le Numéro 35 des CAHIERS ROGER VAILLAND