Au Baron Ernest-Antoine Seillière fils du Baron Jean Seillière de Laborde.
D’un mouvement d’épaules, Pierre-François écarta les deux gardes qui l’encadraient. Arrivé sur la plateforme, il se redressa et toisa la foule. La tempête de haine populacière ne le fit même pas sourire… Il leva les yeux. Non pas vers le ciel vide, mais vers le couperet, seul partenaire digne de lui. Sa respiration s’accéléra tandis qu’on l’installait sur la planche. Pour maîtriser un tremblement, il se plaqua contre sa dernière couche. Le tremblement s’amplifia. Il se plaqua plus fort. Et le miracle se produisit. Entre ses cuisses, s’écoulait un liquide épais et tiède qui n’était pas -pas encore-du sang.
Les saintes huiles, ricana Pierre-François. Il partit d’un grand éclat de rire tranché net.
Nouvelle tirée de Corps à corps (nouvelles érotiques) – Le Temps des Cerises, 2001
Lucien Wasselin (Liberté-Hebdo)
“Corps à corps” (nouvelles érotiques) recouvre sous diverses signatures un genre très apprécié en France et dans l’Europe du sud, la Nouvelle….L’écriture (moderne) montre bien ce qui se réalise sous nos yeux de lecteur et, par conséquent, de voyeur. L’action dépasse le temps, n’est-ce pas là la recommandation de la parabase de la tragédie grecque, à laquelle l’auteur donne une définition juste. Monter et démonter, sans cesse, les tréteaux du théâtre de la vie, c’est refaire le jeu, dans toutes ses composantes.